Chrétiens d'Irak: rester malgré tout
L'invasion américaine de 2003 a plongé l'Irak dans un chaos dont le pays ne s'est toujours pas relevé. Les minorités l'ont payé au prix fort. Présents sur ces terres depuis des milliers d'années, les chrétiens (chaldéens ou syriaques) risquent désormais de disparaître. Ceux qui n'ont pas fui à l'étranger ont migré pour la plupart au nord du pays, dans la région autonome du Kurdistan. Ils y bénéficient de la protection des puissantes autorités kurdes, notamment à Kirkouk et Qaraqosh.
A Kirkouk, ville pétrolière contestée entre le pouvoir central et les autorités kurdes, les chrétiens vivent sous haute tension. Malgré les attentats et enlèvements qui les visent régulièrement, certains ont décidé de rester. Parfaitement intégrés dans la vie publique, ils sont médecins, ingénieurs ou fonctionnaires. Ils font souvent le pont entre les différentes communautés religieuses, jouant le rôle de médiateur.
Qaraqosh est une ville presque totalement chrétienne dans l'ouest du Kurdistan irakien. Il y règne une grande paix, assurée par l'armée, la police et une milice chrétienne. Beaucoup de chrétiens qui ont fui Bagdad ou Mossoul se sont installés ici. Mais le travail manque pour ces familles déracinées et entassées dans des immeubles construits à la hâte. Ces deux villes résument le dilemme auquel des chrétiens d'Irak font face aujourd'hui: partir, malgré l'importance de leur présence pour l'émergence d'une société civile irakienne apaisée. Ou rester, au risque de se regrouper dans des ghettos repliés sur eux-mêmes.
